Cette « très chère » nouvelle maison communale : les coûts de rénovation explosent

La nouvelle maison communale dans laquelle les services communaux devraient prendre leurs quartiers fin 2019 coûtera beaucoup plus cher qu’annoncé.

En octobre 2014, le Conseil communal marquait son accord sur l’acquisition des 4 immeubles de bureaux ex-Fabricom pour un montant de 13 millions € afin d’y regrouper l’administration communale, actuellement répartie sur plusieurs sites.

Objectifs poursuivis : améliorer l’accueil des citoyens et les conditions des employés communaux, permettre des synergies et réaliser des économies d’échelle.

A l’époque lors des premiers débats sur ce projet, le Bourgmestre A. De Decker avait indiqué qu’outre le coût d’acquisition, « la remise en état des bâtiments, afin de les remettre aux normes actuelles, va coûter un montant d’environ 9 millions € » et d’ajouter que « l’opération n’est pas très difficile à assumer mais elle devra s’assumer avec rigueur ». A travers d’autres déclarations, c’était plutôt un montant de 11 millions € qui était évoqué. Bref, l’opération allait coûter au total entre 22 et 24 millions € (acquisition + rénovation).

Pour la suite, accrochez-vous. L’on sait aujourd’hui que la rénovation de ces bâtiments est estimée au… triple de ce montant, soit environ 27 millions € !

Les raisons évoquées pour justifier ce gigantesque dépassement budgétaire, et ce alors que les travaux n’ont même pas débuté, sont les suivantes :

  • le dernier étage des bâtiments est en plus mauvais état que prévu (du coup, il faudra démolir et reconstruire),

  • la nécessité pour les services communaux d’occuper une plus grande surface que celle envisagée au départ (ces espaces ne pourront dès lors pas être loués),

  • et, plus généralement, une sous-estimation du montant global des travaux.

A ce budget de rénovation des bâtiments ex-Fabricom, il convient d’ajouter le coût lié à la construction d’un nouvel immeuble, celui du centre opérationnel Stalle (soit 5,6 millions €) qui sera érigé sur le site de l’ancienne déchetterie et que j’ai déjà évoqué dans une précédente newsletter.

Si l’on y additionne encore les frais d’honoraires et de missions diverses, le budget de l’opération devrait avoisiner les 47 millions € contre 22 à 24 millions € annoncés.

Vous l’aurez compris, l’évolution du coût de ce projet de déménagement et regroupement des services est extrêmement préoccupante. En 3 années, le budget de la rénovation a explosé, passant du simple au triple :18 millions € supplémentaires, c’est effarant ! Avec un tel montant, on pourrait par exemple construire une centaine de logements, ou créer plusieurs crèches ou encore réaliser 50 kilomètres de pistes cyclables sécurisées. Les investigations et l’évaluation de départ auraient clairement dû être plus rigoureuses. Même si diverses raisons sont invoquées pour expliquer ce gigantesque dépassement, ceci fait pour le moins mauvais genre pour un Collège qui se targue régulièrement de figurer parmi les communes les mieux gérées de la Région.

Que l’on ne me comprenne pas mal : il est naturellement essentiel que le personnel communal puisse travailler dans des locaux de qualité, ce qui n’est pas nécessairement le cas pour tous les agents aujourd’hui. Or la nouvelle maison communale devrait offrir un cadre de travail plus agréable tout en permettant aux Ucclois d’avoir accès à l’ensemble des services sur un site unique. Elle devrait également permettre un certain nombre de synergies, quelques économies d’échelle et une réduction (limitée) de la facture énergétique.

Mais voici la question centrale qu’il convient de se poser : s’il avait eu connaissance des montants actuels, le conseil communal aurait-il donné son feu vert à l’époque pour ce projet ? Permettez-moi d’en douter très fortement.

Une dernière chose, et non des moindres : comment cette opération est-elle financée ?

  • par la vente des bâtiments qui seront libérés par les services communaux (ce qui paraît parfaitement logique). Rentrée escomptée : aux alentours de 13 millions € ;

  • par des subsides et charges d’urbanisme perçus pour environ 3,8 millions € ;

  • par emprunt : plus de 20 millions €. Cela représentera près d’1 % du budget ordinaire communal durant 20 ans, ce qui est loin d’être anodin ;

  • par la vente de biens et terrains communaux qui ne sont pas occupés actuellement par les services communaux : environ 2,8 millions €.

Sachant que le niveau d’endettement de la Commune est déjà important – il a plus que doublé au cours des 10 dernières années – et qu’il faut financer les surcoûts de l’opération, le Collège a décidé de se séparer de biens et terrains qui ne sont pas occupés par les services communaux. Ce fut le cas rue de Linkebeek. Il était également prévu au budget 2017 de vendre le terrain sur lequel est situé la Pétanque Uccle Centre et les salles 1180 et Van Offelen. La mobilisation de riverains, des clubs sportifs, ainsi que nos interventions au conseil ont semble-t-il porté leurs fruits. La vente de ce terrain n’est en effet (pour l’instant ?) plus à l’ordre du jour. Il s’agit évidemment de rester vigilant.